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mathieu bock-côté - Page 5

  • La revue de presse d'un esprit libre... (32)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    Dans le cadre de la Fondation Res Publica Jean-pierre Chevènement interroge Régis Debray (dubitatif) et Michel Onfray (affirmatif) sur l’idée de civilisation. Débat de haut niveau de par l’étincelant brio de ses protagonistes (vidéo) :

     
    André Perrin est l'auteur de « Scènes de la vie intellectuelle en France, l’intimidation contre le débat », livre d’un ancien inspecteur d'Académie très à cheval sur les règles de la bonne argumentation philosophique. Dans ce livre, il montre par quelles techniques la culture du débat s’est progressivement asséchée  en France laissant à la « pensée unique » tout l’espace de la libre controverse et muselant toute pensée alternative. Ainsi notre pays qui était autrefois le centre vivant de la culture de la « conversation » comme le dit Finkielkraut, est-il devenu une « école du lynchage médiatique » (titre de l’entretien que l’écrivain a accordé à David L’Épée dans le dernier numéro d’Éléments) où l’on pétitionne, non pour défendre la liberté d’expression, mais pour en prohiber l'exercice. Dans cette tribune du Figaro vox André Perrin prend la défense d’Éric Zemmour, tête de Turc des médias de propagande, qui vient d’être rappelé à l’ordre par le CSA pour « éloge de la discrimination », notion éminemment plastique qui se prête à toutes les manipulations. Il fait remarquer que les procureurs quand ils dénoncent ne cherchent pas à savoir si l’assertion des suspectés est vraie ou fausse mais à les rapporter aux conséquences néfastes qu’elle est susceptible d’engendrer. Il compare ensuite les tweets de Mehdi Meklat, laissés dans l’ombre par les médias aux condamnations effectives, par la rumeurs médiatique ou par la justice, de Renaud Camus, Olivier Pétré-grenouilleau, Alain Finkielkraut, ou de Richard Millet. L’exercice est probant… :

    http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017/07/21/31003-20170721ARTFIG00227-zemmour-hanouna-angot-meklat-l-indignation-selective-des-vigies-de-l-audiovisuel.php

    Article d’André Perrin paru en mai  dans lequel il fait une longue et rigoureuse mise au point sur « Démocratie, tyrannie des minorités, paradoxes de la majorité ». Que veut-on dire quand on invite à respecter les minorités ? S’agit-il de respecter leurs intérêts particuliers, ou bien de respecter les droits inaliénables de tout être humain ? Et pour protéger les minorités, faut-il aller jusqu’à la promotion des privilèges ?   :
     
     
    Extension législative du domaine des « crimes pensée » au nom de la lutte contre toutes les formes de « racisme ». Un racisme qui « a aujourd’hui le dos si large qu’il permet de confondre toute personne qui aurait le culot de voir les différences culturelles autrement que pour les célébrer… ». Ainsi s’exprime Elisabeth Lévy à propos de la stupide loi « confiance ». Elle fustige « un consternant asservissement à l’air du temps et aux vaches sacrées d’une époque qui ne tolère plus que l’on ait quelque chose à cacher ». Elle s’en prend surtout, au delà de la grotesque transparence que la dite loi prétend promouvoir, au « forfait contre la liberté d’expression, donc, contre la démocratie, contenu dans l’article 1 de la loi, modifié au cours des débats par les amendements 572 et 621, dont Alain Jacubowics, le patron de la Licra, tient absolument à faire savoir urbi et orbi qu’ils ont été inspirés par son association ». Forfait supplémentaire à ajouter à tous ceux que les ligues de vertu, bras armés de la police de la pensée, et même des arrière-pensées, peuvent adjoindre à un palmarès conséquent. Plutôt que d’argumenter contre les idées qui leur déplaisent, nos pudibonds représentants, essentiellement les blaireaux d’En Marche, choisissent de les criminaliser. C’est assurément plus reposant pour leurs leucémiques méninges :
     
     
    Salutaire coup de gueule d’Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit constitutionnel à l’université de Rennes I, contre l’une des mesures adoptées par les députés prévoyant d’étendre le principe de l’inéligibilité aux personnes condamnés pour racisme, antisémitisme ou homophobie. « L’envie du pénal » qui se manifeste ici semble irrépressible et restreint le débat à la portion congrue des poncifs en cours. Comme le dit Elisabeth Lévy c’est le triomphe de « la République des chochottes », loin, très loin de l’impératif dialogique dont se targue pourtant la « société ouverte ». 
    Mais le plus accablant n’est il pas que tout cela passe comme une lettre à la poste, dans l'apathie d’une opinion amorphe tandis que les pseudo « insoumis » ne mouftent pas ? Le Front national, lui, est carrément aux abonnés absents. Ses électeurs apprécieront :
     
    Loin des incantations bien pensantes, le sociologue québécois Mathieu Bock-Côté met en garde contre ceux qui entendent mettre en place des dispositifs inhibiteurs imposés comme un nouvel ordre moral et destinés à proscrire la critique de l’idéologie diversitaire. Tribune libre du Figaro vox du 31 juillet 2017 dans laquelle il associe son esprit critique à ceux d’Anne-Marie Le Pourhiet et d’Elisabeth Lévy afin de combattre la tyrannie qui s'annonce. Si le politiquement correct peut intimider les velléitaires, séduire les jobards et enthousiasmer les fanatiques, aucun risque qu’il ne passe par lui.
     
    Toujours dans la même veine Marc Nacht s’en prend à « la police du langage » telle qu’elle apparaît dans la volonté du législateur. Le mot nous dit-il devient le premier coupable. « Sous son air bien-pensant, trop bien pensant, poursuit-il, cet amendement inaugure officiellement un processus d’exclusion des termes ne correspondant pas à la pensée correcte du moment. Un précédent tragique devrait nous mettre en garde contre ce genre de dérive, même en démocratie. C’est celui décrit par Victor Klemperer dans « LTI, la langue du III Reich » où l’officialisation autoritaire du déni de réalité vise à remplacer les mots de la pensée qui désignent l’évidence des faits par des périphrases ou d’autres mots qui masquent la véritable nature de ces faits… Ne pas pouvoir nommer autrement que par ce qui est convenu est l’ABC du totalitarisme… ». On pourrait en dire autant de la fameuse « langue de bois » qui avait cours dans les démocraties populaires :
     
     
    Jure Geoges Vujic publie dans Polémia une tribune intitulée « Une praxis révolutionnaire et conservatrice est-elle encore possible ? ». Prenant acte de l’inexistence d’une telle praxis, susceptible de transformer les rapports sociaux, les façons de sentir et de penser, face à celle bien réelle et fort agissante du capitalisme libéral associé au discours libertaro-sociétal, il propose de penser une nouvelle praxis « révolutionnaire » remettant en cause celle hégémonique de la « valeur marché ». Ce qu’aucune force réputée « populiste » n’est en mesure de faire. Réflexion capitale sur la nécessaire repolitisation du « système des objets » :
     
     
    Le site « Les Crises » souvent bien inspiré, est animé par Olivier Berruyer. Il reprend un entretien de Coralie Delaume avec Hadrien Desuin qui vient de publier « La France atlantiste » aux éditions du Cerf. Le géopoliticien y reprend les arguments avancés dans son livre pour montrer une diplomatie nationale complètement phagocytée par les néo-conservateurs français, oeuvrant pour liquider l’héritage « gaullo-mittérrandien ». Au cours de sa démonstration il revient sur l’origine de ses néo-conservateurs, presque tous issus des ONG humanitaires des années 70 et 80, qui soldaient dans le « droit d’ingérence » leur passé communiste ou trotskiste. Référence aux travaux de Jean-Robert Raviot  :
     
     
    Les 26 et 27 mai, premier colloque eurasiatique à Chisinau en république de Moldavie. Il était organisé par le mouvement eurasiste, l’Université Populaire de Moldavie et le comité Jean Parvulesco. Étaient présents l’ancien vice-premier ministre de Moldavie Iurie Rosca, l’essayiste français Hervé Juvin, le philosophe russe Alexandre Douguine et Emmanuel Leroy dirigeant d’une association humanitaire française d’aide aux enfants du Donbass. La tonalité générale du colloque était centrée sur la lutte contre la globalisation et l’hostilité à l’impérialisme des thalassocraties anglo-saxonnes qui signifie uniformisation marchande de la planète, individualisme et cosmopolitisme. Elle était orientée, dans une perspective de paix, sur une réalité d’ores et déjà en train de s’esquisser, celle d’un nomos de la terre ordonné à la constitution de grands espaces, à la multi-polarité et à la souveraineté des peuples. Compte-rendu par une équipe de TV Libertés :
     
     
    Une intéressante contribution de Pierre-Henri Picard au débat sur la reconstruction d’une droite assumée :
     
     
    Dominique Baettig, ancien conseiller national suisse, tire les leçons du désenchantement des milieux nationaux et identitaires européens après les défaites électorales qu’ils viennent de subir. Ne pas s’en remettre à des partis politiques qui, par la force des choses, entrent plus ou moins dans le moule et s’organiser de façon autonome sur le plan local en y multipliant les liens de solidarité concrète, soutenir les sites de réinformation, « promouvoir les valeurs d’enracinement, de démocratie de proximité, du localisme » et favoriser les entreprises qui tendent vers la décroissance :
     
     
    Michel Drac chronique lumineusement un livre de Jean-Michel Vernochet intitulé « Les égarés » (éditions Sigest). Celui-ci est centré sur la question du wahhabisme dans lequel il voit non seulement une hérésie intransigeante mais une idéologie de combat rivale de l’islam traditionnel. En somme un contre-islam pratiquant « un rigorisme au delà de toute raison » adossé paradoxalement à l’idéologie anarcho-libérale du capitalisme contemporain. Ce wahhabisme régressif (du point de vue progressiste occidental), encore appelé « takfirisme » est l’objet de toutes les manipulations, notamment de la part des anglo-saxons, anglais d’abord puis américains. Intéressante réflexion, par ailleurs, sur le protestantisme européen comparé au protestantisme américain, et sur les points communs de représentation du monde entre le calvinisme puritain et le wahhabisme, même si ils s’insèrent, bien entendu, dans des catégories très différentes de la foi  :
     
     
    Toujours aussi impertinente avec les puissants, tant qu’ils ne sont pas alignés sur la moraline occidentale spécialisé dans la production industrielle du Bien, la presse française s’est trouvée, depuis quelques années, une nouvelle cible. C’est ainsi que l'exercice russophobe est devenue une activité banale pour les médias français. L’invitation à Paris de Valery Gergiev, l’un des meilleurs chefs d’orchestre du moment, à l’occasion de la célébration du 14 juillet a ainsi permis à la presse de propagande de donner toute sa mesure. Choix « polémique » d’après France musique, « l’intriguant maestro de Poutine » d’après Les échos, « sulfureux » selon L’Obs, qui va jusqu’à reprocher à Gergiev d’avoir dirigé à Palmyre après sa première libération des fanatiques de l’organisation de l’État islamique. Il est vrai que Valery Gergiev n’était en France que pour célébrer le centenaire de la présence des 40 000 hommes du corps expéditionnaire russe qui ont combattu aux cotés des poilus dans la grande boucherie de 14-18. Mais voilà, ce chef exigeant est aussi un ami du président Poutine. Scandale ! Tandis que le président Macron reçoit en grande pompe les chanteurs Bono et Rihanna sous les commentaires dithyrambiques de nos médias… : 
     
    première référence issue de la lettre hebdomadaire de Slobodan Despot :
     
    deuxième référence issue du site « Stoprussophobie » :
     
     
    Slobodan Despot donne quelques nouvelles du Decodex du Monde crée avec l’argent de Google (et du contribuable) et présenté, sans rire, par ses concepteurs, comme un « outil de vérification de l’information ». On pensait que cette remarquable innovation avait rejoint les poubelles de l’histoire tant elle avait disparu des écrans radar. Il n’en est rien (première référence). L’ Observatoire des Journalistes et de l’ Information Médiatique (OJIM) a consacré en mai dernier une excellente vidéo à cette nouvelle Pravda (ou du ministère de la vérité d’Orwell) relevant ses parti-pris, ses erreurs et 
    ses fréquentes manipulations (deuxième référence) :
     
     
     
     
    Deux réponses fort bien tournées et à vrai dire plutôt subversive à son excellence Bernard-Henri Lévy après sa philippique du Point (le 20 juillet) où il accusait sans raison Le Monde Diplomatique de nauséabondes complicité avec les heures les plus sombres de notre malheureuse histoire. Celle pleine d’humour (noir) de Paul-Éric Blanrue tout d’abord (première référence), puis celle plus compassée du physicien Jean Bricmont. Celui-ci proche de Noam Chomsky, traite dans ses ouvrages de la censure et de la propagande dans les régimes démocratiques. Il est l’un des champions d’une liberté intégrale de l'expression publique (seconde référence) : 
     
     
     
    « Terre et mer », l’ouvrage de Carl Schmitt paru originellement en 1942 et préfigurant « Der nomos der Erde » (1950) vient d’être réédité par les éditions Pierre-Guillaume de Roux. Doté d’une substantielle et érudite introduction (93 pages) signée d’Alain de Benoist, il est post-facé par Julien Freund (texte de 1985, pour la première édition en français de Terre et mer, parue aux éditions du 
    Labyrinthe) : 
     
     
    Courte notice d’Aristide Leucate sur cette réédition :
     
     
    Le numéro 80 de « Rébellion » vient de sortir. Au sommaire des entretiens avec Thibault Isabel (comme toute plante qu’on arrache à la terre, notre civilisation est en train de faner), Alain de Benoist (Deux France qui n’ont plus rien en commun), un article sur cinéma et politique (Pasolini, le corsaire solitaire) etc :
     
     
     
    Secrétaire général de la Fédération national de l’agriculture biologique, Guillaume Riou répond aux questions de Libération à propos du gouvernement Macron qui à décidé de geler les aides aux productions de l’agriculture biologique, ce qui va à l’encontre de la forte demande des agriculteurs conventionnels pour passer au bio. Selon Riou le gouvernement, obéissant à des groupes de pression multiples, favorise ainsi les grandes exploitations industrialisées de forme céréalières, si possible exportatrices et fait le choix de l’agro-business :
     
     
     
    Dans une tribune du Figaro Natacha Polony que l’on sait partisane de la décroissance revient sur les problèmes évoqués ci-dessus et sur « le jour de dépassement » fixé cette année au 2 août. Ce jour de dépassement signifie qu’au delà de cette date l’humanité aura cessé de consommer l’ensemble des ressources que la nature peut renouveler en une année. Le jour du dépassement était en 1985 fixé au 5 novembre; en 1997, fin septembre. Il avance inexorablement sans que les hommes ne prennent les mesures qui s’imposeraient pour en reculer l’échéance. Croissance du PIB et croissance de la population mondiale jusqu’à la catastrophe finale ?
     
    Le mensuel La Décroissance, sous-titré « Le journal de la joie de vivre » publie dans son numéro de juillet-août un succulent dossier sur le thème « Déradicalisons les progressistes ». Ce voyage critique dans l’immense galaxie des croisés du progrès s’attaque aussi bien aux politiques, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen, qu’aux intellectuels, de Bernard Stiegler à Michel Serres et Luc Ferry. La cible privilégiée de ce mensuel demeure néanmoins les « écotartufes », ces « Verts » qui militent pour une « croissance écologique » ou un « capitalisme vert »; illustration de la politique de l'oxymore: 
     
     
    La France toujours plus moche. C’est Slate qui le dit, à juste titre. Mais pourquoi un tel saccage ? L’enquête ne répond nullement à cette question pourtant essentielle. Comme disait Jacques Bénigne Bossuet dans un célèbre sermon : « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes »  :
     
     

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (30)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    GUEULE DE BOIS DANS LA DISSIDENCE

    Article du Figaro : Au FN, l’aile droite du parti prépare déjà l’inventaire de la défaite.

     
    Un bilan post électoral par Elisabeth Lévy (Causeur).
     
     
     
    Dans le Journal de Montréal Mathieu Bock-Côté (conservateur) souligne l’échec du FN qui a couru après les électeurs, rétifs, de Jean-Luc Mélenchon alors que ceux de François Fillon auxquels il suffisait d’envoyer quelques messages ont été snobés. La porosité des deux électorats rendait possible un rapprochement sur une base identitaire, plus ou moins abandonnée par un FN dont c’était pourtant le logiciel au dépens d’une campagne uniquement souverainiste et basée sur un frexit qui faisait peur aux citoyens de droite. Raisonnement comparable chez Jean-Yves Le Gallou.
     
     
    Dans une tribune confiée au Figaro Mathieu Bock-Côté voit en E Macron le représentant du parti unique des élites qui se veulent éclairées, celui de la mondialisation heureuse, de l’Europe post-nationale et de l’idéologie diversitaire. Selon l'auteur, à n’en pas douter, son pouvoir sera un nouveau pas dans le multiculturalisme accompagnant une aggravation de la dissolution du politique. En bref « le système vient de réussir un coup de maître en dégageant l’élection présidentielle des tendances qui traversent le pays… Car les Français ne viennent pas de se convertir d’un coup à la mondialisation, au multiculturalisme... ». Entretien très sévère mais sans doute justifié pour Marine Le Pen (« Elle n’a pas su transformer cette élection en choix de civilisation… C’est une chose de restaurer la fonction protectrice du politique, c’en est une autre de verser dans l’irréalisme économique »). Ajoutons que passer au deuxième tour à 10,6 millions de voix alors que l’on en avait 9,3 millions au premier (MLP + NDA) est assez consternant quoi qu’en disent les responsables du parti. Une défaite que MLP a salué en dansant un rock impétueux avec Jean-Lin Lacapelle sur YMCA, symbole qui à lui seul donne raison à Régis Debray sur notre aliénation à la sous-culture américaine y compris de celle qui a rallié sur son nom tout ce que le pays compte de soi-disant identitaires. Celui-ci vient de publier « Civilisation. Comment nous sommes devenus américains » aux Éditions Gallimard. 
     
     
    Selon Eric Zemmour Marine Le Pen a fait une très mauvaise campagne. Donnée à 30% au premier tour, elle finit à un peu plus de 21%; évaluée à 40% au second tour, elle termine à moins de 34%. Pourquoi ? Parce qu’elle a trop peu abordé les problèmes que posent l’identité, l’immigration, l’islam et la laïcité, vrais sujets qui peuvent rassembler bien au delà de son électorat. En privilégiant la « doctrine Philippot » soit le social au dépens de l’identitaire elle a cassé une dynamique. À cela s’est ajouté le débat où elle a fait preuve d’une incompétence crasse vis à vis de son adversaire tout cela parce qu’elle manque tout simplement de culture. Zemmour se montre partisan de l’alliance entre le FN et une partie de la droite comme le suggère Marion Maréchal Le Pen.
     
     
    L’OJIM rend compte des échos qu’a soulevé le débat entre E Macron et M Le Pen dans les médias. Verdict : Marine n’est pas à la hauteur du rôle pour lequel elle concoure. Après des années de dédiabolisation réussie le FN réussit cet exploit de replonger dans les affres de « l’extrême droite ». 
     
     
    À l’issue du deuxième tour, Michel Onfray dresse avec talent un bilan accablant le l’élection présidentielle dont il retrace les chausse trappes, les embuscades et les traquenards tendus par le « système » qui devaient amener E Macron à la présidence.
     
     
    Dans une chronique l’écrivain Richard Millet évoque, à sa manière, ce dont Macron est le nom.
     
     
    Après l’élection de Macron, Laurent Obertone donne à son public des raisons d’espérer malgré tout. Mais pour cela « il serait salutaire d’arrêter de porter tous les espoirs sur la chose politique… Créer des médias, des sites, des groupes, penser des stratégies, organiser des réseaux, occuper le terrain, investir, éditer, diffuser… les possibles sont infinis », dit-il. Autant de choses que le FN n’a pas entrepris.
     
     
    Entretien entre Daria Douguine et Thibaud Isabel (rédacteur en chef de la revue Krisis) sur le populisme versus le mondialisme. Isabel souligne à juste titre que la division irrémédiable des anti-mondialistes entre une extrême gauche et une extrême droite rendra difficile leur accès au pouvoir faute d’une culture du compromis face à des adversaires qui savent s’unir comme le montre l’élection d’Emmanuel Macron, candidat du « cercle de la raison ». Brillantes explications.
     
     
    Dans un texte publié par Polémia le politiste Jure Georges Vujic commente le dernier rapport du National Intelligence Council remis à Donald Trump qui manifeste d’importantes contradictions avec l’évolution du monde. Contradictions faites d’un cumul impressionnant d’ignorance et de préjugés où la prétention géopolitique sertsurtout à maintenir en place une dominance exclusive. Il en appelle à une relecture instructive de «Tristes Tropiques » de Claude Lévi-Strauss.
     
     

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  • Le nouveau régime...

    Les éditions Boréal viennent de publier un recueil de textes de Mathieu Bock-Côté intitulé Le nouveau régime - Essais sur les enjeux démocratiques actuels. Québécois, Mathieu Bock-Côté est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et est déjà l'auteur d'un essai, Le multiculturalisme comme religion politique (Cerf, 2016).

     

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    « Notre époque, celle du " dépassement " des vieilles contraintes et des préjugés hérités du passé, le discours commun et la propagande des puissants veulent nous la présenter comme l'aboutissement normal de la démocratie moderne, dont les promesses, enfin, seraient sur le point de se réaliser pleinement. Or ce n'est pas du tout ce que pense Mathieu Bock-Côté. Pour lui, le monde qui se met en place depuis un quart de siècle dans l'ensemble de l'Occident, loin de prolonger ou d'accomplir l'histoire qui l'a précédé, marque au contraire une rupture radicale, sinon une " trahison ", c'est-à-dire l'abandon pur et simple de ce qui a guidé jusqu'ici nos façons d'être, de penser, de vivre en société, par l'instauration de ce qu'il appelle un nouveau régime, fondé sur une vision entièrement nouvelle de l'homme et de la cité, celle d'un homme coupé de toutes racines, de toute appartenance, soucieux uniquement de son bonheur et de ses droits d'individu, celle d'une cité qui cesse de se voir et d'agir comme communauté politique et culturelle pour n'être plus qu'un rassemblement de consommateurs semblables à tous les consommateurs de la planète. De ce nouveau régime, Mathieu Bock-Côté propose donc, dans la vingtaine d'essais réunis ici, à la fois un tableau et une critique, en abordant certaines de ses manifestations et certains de ses mythes les plus actuels, de la théorie dite du genre à la prétendue " fin des idéologies ", du suicide assisté conçu comme un droit de l'homme à la célébration du " multiculturalisme ". »

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  • «Macron, c'est la globalisation et le gauchisme culturel»...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur Figaro Vox dans lequel il évoque la ligne politique d'Emmanuel Macron qui associe mondialisme décomplexé et gauchisme culturel. Québécois, l'auteur est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et vient de publier en France Le multiculturalisme comme religion politique aux éditions du Cerf.

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    Mathieu Bock-Côté : «Macron, c'est la globalisation et le gauchisme culturel»

    Alors qu'elle se croyait vaincue d'avance, une partie importante de la gauche française s'est prise pendant un temps à rêver d'une victoire surprise avec la candidature d'Emmanuel Macron. On lui prêtait même la capacité de moderniser la gauche, en la délivrant des structures aussi rigides que celles du Parti socialiste, où les figures importantes doivent encore donner, de temps en temps, des gages de fidélité à une forme désuète d'orthodoxie idéologique. Le macronisme serait l'autre nom d'une gauche moderne et libérale, réconciliée avec la mondialisation et s'opposant frontalement à ce qu'il est bien vu d'appeler le repli national.

    La victoire de Benoît Hamon a d'ailleurs confirmé la validité des caricatures les plus sévères du Parti socialiste, comme si ce dernier, à défaut de se maintenir au pouvoir, se repliait sur sa base la plus étroite, en contemplant dans l'entre-soi militant une utopie régressive. On s'imaginait donc Macron s'imposer au premier tour en laissant de côté une gauche folklorique et en recevant l'appui de cette frange de la droite étrangère au conservatisme, déçue de l'échec d'Alain Juppé. Ce néo-giscardisme annonçant une France enfin heureuse dans la mondialisation car libérée du souvenir de sa gloire perdue n'était pourtant pas étranger au fameux programme de Terra-Nova, prétendant rassembler en une même coalition la France prospère des métropoles et celle des banlieues.

    Se présentant avec culot comme un candidat antisystème alors qu'il était adoubé par les grands médias, et promettant une révolution sans prendre la peine de donner le programme l'accompagnant, Emmanuel Macron s'est revendiqué d'une pensée complexe, faisant éclater les clivages, alors qu'il ne fait qu'assumer une forme de mondialisme correspondant aux nouveaux clivages engendrés par notre époque. Ses appels répétés à l'innovation, son style à la fois prophétique et managérial, son usage revendiqué de l'anglais pour s'adresser aux Européens, reflète bien la psychologie des élites mondialisées qui réduisent la politique à un exercice d'adaptation à un monde en mutation. On assistait à la grande revanche des élites mondialisées! On aurait tort, pourtant, de ne pas voir son flirt de plus en plus poussé avec la gauche idéologique.

    Le fondateur d'En marche, on le sait, a d'abord décrété l'inexistence de la culture française. Mais ce qui peut sembler une aberration effrayante aux yeux du commun des mortels est conforme à la vulgate universitaire qui au nom du pluralisme identitaire, fait éclater toute référence possible à la nation. Il n'y a plus d'identité culturelle partagée et d'œuvres exemplaire témoignant du génie d'une civilisation: il n'y a plus qu'un no man's land juridique. L'histoire de France ne raconte plus l'histoire d'une nation mais celle d'une population qu'on ne saurait unifier sans faire violence à sa diversité. À quoi intégrer les immigrés, si la France n'est plus qu'un grand vide? Qu'est-ce que les voyageurs du monde entier viennent chercher en France, si elle n'existe pas?

    Macron s'est aussi permis de nazifier implicitement l'histoire de la colonisation, en l'associant à un crime contre l'humanité. Rares sont ceux qui aujourd'hui, entretiennent une mémoire heureuse de la colonisation, ce qui se comprend. La fameuse pensée complexe est rarement revendiquée en la matière. Mais si plusieurs intellectuels s'étaient déjà permis cette simplification grossière de l'histoire coloniale, aucun homme politique ne s'était permis une formule aussi brutale, qui heurte non seulement de grands pans de la population mais aussi le simple bon sens historique, comme si chaque expérience négative devait être rabattue sur celle des grands crimes du vingtième siècle.

    Plusieurs se sont demandés s'il s'agissait simplement d'une stratégie pour gagner le vote des banlieues. L'immigration massive a constitué dans les banlieues une population qui se sent étrangère à la France et qui répond favorablement à ceux qui entretiennent cette identité victimaire, d'autant qu'elle est cultivée par une mouvance islamiste qui s'oppose à toute forme d'assimilation. Macron avait déjà invité la France à assumer sa part de responsabilité après les attentats de novembre 2015, comme si elle était finalement coupable des crimes dont elle était victime. Chose certaine, il adhère sans état d'âme au multiculturalisme. On peut croire aussi que Macron, au-delà de tout calcul, a témoigné de l'état d'esprit d'une jeunesse qui ne comprend tout simplement plus l'histoire occidentale autrement que dans le langage de la repentance.

    Macron a aussi embrassé les grandes revendications sociétales qui sont aujourd'hui jugées comme des symboles de progrès pour les différentes minorités dans lesquelles la gauche croit trouver les nouvelles catégories sociales à émanciper. C'est une forme de libéralisme sociétal décomplexé qui prétend toujours étendre les droits de l'individu en le détachant de tout ancrage anthropologique. On chante la souveraineté de l'individu: à terme, il devrait pouvoir circuler librement à travers le monde en connaissant autant de mue identitaire qu'il le voudra, comme s'il n'était rien d'autre qu'un nomade flottant dans un monde sans le moindre point fixe. Le libéralisme sociétal et le gauchisme culturel, lorsqu'ils s'accouplent, dynamitent toute forme d'appartenance héritée.

    On ne saurait jouer au devin et annoncer qui remportera la présidentielle de 2017. Mais une chose semble à peu près certaine: c'est une forte poussée conservatrice qui s'est fait sentir en France depuis près de cinq ans, et pour peu qu'on s'intéresse à ses origines intellectuelles et politiques, on constatera qu'elle s'enracine dans un malaise par rapport à l'hypermodernité qui s'est déployé sur près de deux décennies. Le macronisme semble être une synthèse de tout ce dont la France veut s'extirper. Le mondialisme à outrance et le gauchisme culturel sont en contradiction avec les aspirations qui semblent venir des profondeurs du pays. Pour cela, certains voient déjà la candidature de Macron se désintégrer. Ce n'est pas inimaginable. Il serait étrange que la France reconnaisse un sauveur dans un homme qui finalement, semble la dédaigner.

    Mathieu Bock-Côté (Figaro Vox, 22 février 2017)

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (22)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    Le texte de Julien Freund « La Thalassopolitique » publié en 1985 par les Éditions du labyrinthe comme postface au « Terre et Mer. Un point de vue sur l’histoire mondiale » de son ami Carl Schmitt, ressort sous forme d’article.
     
     
     
    Pour la Revue du crieur (émanation de Mediapart) le temps presse. Pourquoi ? Parce que les « droites et les extrêmes droites » européennes sont de plus en plus contaminées par les idées d’Alain de Benoist… ! Article passe partout qui en reste à l'alarme classique style « camarade réveillez-vous, bon sang » et demeure rivé au logiciel droite-gauche comme ultime grille d’analyse. En bref une dénonciation qui ne brille pas par son originalité.
     
     
     
    Un film de Patrick Buisson glorifie le monde ancien de la France paysanne, celle des derniers Gaulois (extraits).
     
     
     
    Le site Metamag publie un court article sur Maslenitsa, la fête russe d’origine païenne qui ponctue le retour du printemps.
     
     
     
    Bérénice Levet répond à Emmanuel Macron, candidat du postnational et de la vie liquide, qui nie l’existence d’une culture et d'un art français.
     
     
     
    Tribune d’Alain de Benoist sur boulevard Voltaire à propos d’Emmanuel Macron, télévangéliste christique.
     
     
     
    Pour Mathieu Bock-Côté Macron c’est la globalisation heureuse et le gauchisme culturel.
     
     
     
    Boris Le Lay : Macron, les oligarchies financières contre les peuples (vidéo).
     
     
     
    Éric Zemmour dans une récente chronique qualifie Macron de fils adultérin de Madelin et de Cohn-Bendit (vidéo).
     
     
     
    Le livre de Xavier Eman « Une fin du monde sans importance » paru aux Éditions Krisis fait l’objet d’une belle recension sur le blog du Cercle Non Conforme.
     
     
     
    La matinale de radio-libertés du 21 février est animée par Xavier Eman. Celui-ci propose en fin d’émission des modalités d’action « communautaires » à la dissidence.
     
     
     
    À propos des médias russes présentés unilatéralement à l’Ouest comme de dangereux agents d’influence du Kremlin susceptibles de bouleverser les résultats de l’élection présidentielle française, François-Bernard Huyghe décrypte les rouages de la diplomatie d’influence à commencer par celle de Washington autrement plus préoccupante.
     
     
     
    Entretien avec Ingrid Riocreux paru le 20 février dans Le BSC News Magazine à propos de son livre « La langue des médias. Destruction du langage et fabrication du consentement » paru aux Éditions du Toucan.
     
     
     
    Le brillantissime Charles Robin est l’invité de Bistro Libertés pour son livre «  Itinéraire d’un gauchistes repenti » paru aux éditions Krisis. Malheureusement les débats se noient dans des bavardages inconsistants, aussi sera-t-il plus sage de ne regarder que les vingts premières minutes de la vidéo, celles où l’hôte donne libre cours
    à sa compréhension du présent.
     
     
     
    Christopher Gérard a surtout apprécié dans « La Morsure des Dieux », dernier film de Cheyenne-Marie Carron, le portrait d’une paysannerie acculée au désespoir.
     
     
     
    La philosophe Anne Frémaux pose de bonnes questions dans un article publié par le Journal du Mauss. S’interrogeant d’un point de vue de gauche sur les bons usages de l’utopie dans l’anthropocène, elle conclut à la nécessité de la décroissance sans s’apercevoir, semble-t-il, que sa démarche ne doit rien à la gauche qui tout au long de son histoire a compris son progressisme comme le déploiement sans fin de l’arraisonnement de la terre et de l’accumulation du capital.
     
     
     
    En France les villes moyennes désertées. En cause le développement exponentiel de leur périphérie. Entretien avec Olivier Razemon auteur du livre « Comment La France a tué ses villes ».
     
     
     
    La revue québécoise Le Harfang a publié un entretien avec Lucien Cerise consacré à l’ingénierie sociale dont il décortique les usages et les finalités.
     
     
     
    Michel Onfray se rapproche de plus en plus des positions de la nouvelle droite canal historique, comme le montrent ses interventions au cours d’une émission avec Zemmour et Naulleau. Vidéo (les 52 premières minutes).
     

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  • Le nouveau chic : mépriser le peuple !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur son blogue du Journal de Montréal et consacré au mépris croissant des élites à l'encontre du peuple. Québécois, l'auteur est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et est déjà l'auteur de plusieurs essais. Il a récemment publié Le multiculturalisme comme religion politique aux éditions du Cerf.

     

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    Le nouveau chic : mépriser le peuple

    À lire les chroniques des figures bien cotées du système médiatique, on comprend que 2016 a été une année terrible: elles ont vu le multiculturalisme qu’ils chérissent tant remis en question de bien des manières. Elles ont vu la mondialisation heureuse désavouée par ceux qui ne veulent plus faire semblant d’y voir une fête. Tout cela parce qu’on a donné la parole au peuple et qu’il n’a pas répété les comptines officielles du progressisme mondain. Rien n’est plus chic, à la veille de cette nouvelle année, que de mépriser l’homme ordinaire en le présentant comme un gueux en haillons. On se met une pince sur le nez et on damne le populisme à gros grain!

    C’est la doxa de notre temps qui éclate sous nos yeux. Le meilleur des mondes vanté par la propagande médiatique pousse en fait le monde occidental à une forme de suicide politique et culturel. Ce qui s’est exprimé en 2016, c’est une révolte populaire et conservatrice contre la dissolution d’une certaine idée de la civilisation occidentale. Derrière la critique de l’immigration massive ou le refus d’une souveraineté nationale décomposée, c’est une certaine idée du monde commun qu’on veut défendre, où l’enracinement a ses droits, où la continuité historique d’un peuple les a aussi. Une vieille vérité remonte à la surface : une nation sans frontières et obligée de dissoudre son identité est condamné à la disparition. Tout simplement.

    Le peuple s’est révolté. Ce n’est pas toujours de la plus belle manière qui soit, naturellement, mais il nous faudra tôt ou tard sortir de l’illusion gestionnaire qui neutralise le politique en l’aseptisant. Qu’on le veuille ou non, la querelle politique est une querelle et elle est politique. Il faut la civiliser, évidemment, mais on l’étouffe si on veut la calquer sur un séminaire universitaire où deux théoriciens ralliés au progressisme mondain discutent ensemble en se faisant des peurs à l’idée que la société se déprenne du cadre idéologique étroit où ils voudraient la circonscrire tout en assimilant tout ce qui en sort à la «post-vérité». Ce concept devra être examiné finalement dans l'année à venir, pour voir ce qu'il désigne et ce qu'il déforme dans la réalité.

    Ajoutons une chose: nos élites médiatiques, qui ne cessent de voir partout des phobies à combattre et qui assimilent le désir d’enracinement à une forme plus ou moins avouée de racisme ou de xénophobie font preuve d’une immense violence idéologique. Depuis plusieurs décennies, maintenant, ce sont des aspirations existentielles essentielles qu’on étouffe pour que naisse un citoyen du monde qu’on disait libéré de tout, et qu’on découvre terriblement décharné et dépossédé. Il n’est pas très beau, le paradis mondialisé. Il propose l’errance identitaire, la perte de repères, il abat les cadres protecteurs de l’existence humaine. En un mot, il nous propose une conception appauvrie et aliénante de l'être humain.

    L’heure est au procès de l’homme ordinaire et à celui du démagogue qui le bernerait. On vise aussi les intellectuels qui ne se soumettent pas aux idées dominantes dans la profession. Nos bons esprits lèvent les yeux au ciel, maudissent le commun des mortels, dénoncent ce qu’ils appellent la droite identitaire, invoquent les grandeurs d’une mondialisation sophistiquée et prient pour que 2017 ne ressemble en rien à 2016. D’ailleurs, ils le disent comme tel, sans gêne: le peuple est un mot trompeur. Ils n’en parlent plus qu’avec un soupçon moqueur. Ce n’est pas sans avantage: une fois qu’on a décrété que le peuple n’existe pas, on peut bien plus aisément se ficher de ce qu’il dit et ne pas tenir compte de son vote.

    Non au repli sur soi! Non à la peur de l’autre! Vive la diversité ! Vive la différence! Vive l’harmonie! Le programme multiculturaliste est tellement habitué à répéter ses slogans qu’il les prend pour autant de belles et vraies réflexions. Mais ces slogans sonnent creux. Un paradoxe apparaît: le progressisme multiculturaliste insulte brutalement ses contradicteurs qu’il présente comme des chantres de l’intolérance et ne se rend pas compte qu’il hystérise le débat public au même moment où il appelle à un débat apaisé. En 2016, c’est l’imposture d’une démocratie vidée de sa substance qui a commencé à se dévoiler. Il se pourrait bien que ce dévoilement se poursuive en 2017.

    Mathieu Bock-Côté (Journal de Montréal, 31 décembre 2016)

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